Yaya Bela revisite l’infime espace entre la puissance des êtres et la nature sauvage. Mettant en scène des personnages hybrides et connectés au monde végétal et animal dans lesquelles les frontières entre les genres et les univers sont plus fines, iel nous invite ainsi à contacter et nous rapprocher davantage de la poésie qu’elle perçoit en ce monde.

Dans ses dessins la représentation des corps permet tout à la fois une projection — car comme iel l’identifie « dans le processus créatif, partir de soi, de sa vision du monde, de ses frontières physique et de sa corporalité semble le plus évident » mais aussi la mise en avant du corps comme territoire politique de lutte. Réaffirmant avec joie et douceur que la beauté est partout quand nous brisons nos chaines pour clamer notre puissance du dedans, ces images simples et poétiques se veulent aussi l’écho d’une transformation et d’une libération intérieure.
Ainsi, dans la manière d’explorer les différentes corporalités et leur fusion avec le végétal il y a le désir d’exprimer la porosité des genres et l’empuissancement des beautés queer, des corps qui assument et révèlent la lumière qu’ils portent en eux. Dans cette activité régulière, autonome et menée en parallèle de son travail de la porcelaine, le dessin fait office de journal intime, d’émotions compilées.
En favorisant la répétition du geste, l’absorption dans la litanie du trait, Yaya Bela se crée ainsi un espace méditatif qui permet les révélations et l’accès à un état de conscience modifié. 
La forme créée et le sens s’élaborent au fur et à mesure de l’inscription de la trace.
Les techniques employées changent en fonction du style et des nécessités formelles, mais avec cependant une prédilection pour le stylo et les encres noires. 
Les traits sont simples et le matériel réduit au minimum. Noir sur blanc, bic, feutre à pointe fine et encre, papier glané en fonction des opportunités.
Suivre le fil du déroulement des dessins de Yaya Bela permet en fait d’aborder de nombreux aspects de sa démarche créatrice : c’est le fil conducteur de sa personnalité qui se révèle directement sur toutes ces pages de papier.
La prolifération quasi organique et constante du dessin permet toutes les métamorphoses et le passage d’un thème à un autre.

“Seeds” 2018 – bic sur papier